Rouler en moto en Inde ne peut se faire que sur une Royal Enfield. Toute autre machine serait une grave faute de goût. (ci-contre et ci-dessous Bullet 350)
Et pourtant cette série de machine a eu une destinée curieuse. L'usine qui la construisait en Angleterre était une usine de fabrication de fusils. Le premier slogan publicitaire mentionnait « construite comme un fusil , elle file comme une balle ».
Quelques années plus tard, cette usine produira des pièces et des moteurs qui équiperont les BSA, puis les De Dion-Bouton. Mais c'est en 1901 qu'apparait la première motocyclette avec moteur « minerva » placé sur la roue avant.
C'est en 1933 que naitra le modèle « Bullet » qui remis successivement au goût du jour figure toujours au catalogue. Mais justement la mode change et les consommateurs européens ont après guerre un large choix. En 1956 la succursale Enfield India Ltd. est créée en Inde. Progressivement la production anglaise diminuera puis sera définitivement supprimée en 1960. Les motos de cette marque circulant en Europe seront importée des Indes.
L'usine « Royal Enfield motors ltd » est située en Inde du sud dans l'état du Tamil Nadu non loin de Madras. Les filets de peinture sur les réservoirs sont réalisés à la main par des ouvriers qui ont un savoir faire irremplaçable. (http://www.youtube.com/watch?v=UsTIMxeO_ng). Une version Diesel de cette machine a faiblement été diffusée en Inde (ci-contre).
Après une longue période de domination sans partage des motos japonaises, le marché européen a redécouvert ces drôles de machine anciennes, lentes et exotiques l Elles sont livrées en Europe avec un système d'injection électroniques les rendant conforme aux normes.
La prise en main de la Bullet se fait maintenant sans difficulté. En effet il y a encore quelques années le sélecteur de vitesse était à droite et le frein avant à gauche...Il fallait sérieusement réfléchir avant de se lancer ! Le démarreur électrique est venu en complément du quick et un frein à disque à l'avant lui donne un freinage suffisant.
Les instruments sur le capot du phare sont simples : un compteur de vitesse à aiguille et un compteur totalisateur. Il faut surveiller la jauge « à l'ancienne » en auscultant son réservoir. Suivant le modèle la selle est en banquette pour deux passagers ou sur deux selles individuelle sur ressort. La suspension est souple. La vitesse de croisière se situe sur bonne route aux environs de 80/90Km/H. Sur les machines que j'ai piloté la vitesse de pointe se situait à 110Km/H. Au delà l'huile à tendance à bouillir et remonter par le reniflard pour s'étaler sur l'échappement.
Le bi-cylindres n'est pas d'une grande souplesse, il faut rouler sur le couple qui est assez bas. Mais c'est justement ce qui donne son charme à ces machines et leur confère des qualités de motricité époustouflantes. Elles sont aussi à l'aise pour se faufiler en ville, qu'en franchissement de gué, ou dans le sable ou sur piste ! J'ai grimpé le col du Taglangla (5300M) sur une Bullet 350 qui certes s'essoufflait un peu en troisième, mais a gaillardement avalé la longue piste en tôle ondulée !
A Delhi un quartier complet est composé de magasins de vente de pièces de moto, ou de motos neuves ou d'occasion (ci-contre). Autant dire que en cas de panne les réparations sont faciles, tous les indiens savent bricoler une Enfield.