mercredi 16 octobre 2013

Royal Enfield

 

bullet 350 2Rouler en moto en Inde ne peut se faire que sur une Royal Enfield. Toute autre machine serait une grave faute de goût. (ci-contre et ci-dessous Bullet 350)

Et pourtant cette série de machine a eu une destinée curieuse. L'usine qui la construisait en Angleterre était une usine de fabrication de fusils. Le premier slogan publicitaire mentionnait « construite comme un fusil , elle file comme une balle ».

Quelques années plus tard, cette usine produira des pièces et des moteurs qui équiperont les BSA, puis les De Dion-Bouton. Mais c'est en 1901 qu'apparait la première motocyclette avec moteur « minerva » placé sur la roue avant.

bullet 350 3C'est en 1933 que naitra le modèle « Bullet » qui remis successivement au goût du jour figure toujours au catalogue. Mais justement la mode change et les consommateurs européens ont après guerre un large choix. En 1956 la succursale Enfield India Ltd. est créée en Inde. Progressivement la production anglaise diminuera puis sera définitivement supprimée en 1960. Les motos de cette marque circulant en Europe seront importée des Indes.

Enfield DieselL'usine « Royal Enfield motors ltd » est située en Inde du sud dans l'état du Tamil Nadu non loin de Madras. Les filets de peinture sur les réservoirs sont réalisés à la main par des ouvriers qui ont un savoir faire irremplaçable. (http://www.youtube.com/watch?v=UsTIMxeO_ng). Une version Diesel de cette machine a faiblement été diffusée en Inde (ci-contre).

Après une longue période de domination sans partage des motos japonaises, le marché européen a redécouvert ces drôles de machine anciennes, lentes et exotiques l Elles sont livrées en Europe avec un système d'injection électroniques les rendant conforme aux normes.

La prise en main de la Bullet se fait maintenant sans difficulté. En effet il y a encore quelques années le sélecteur de vitesse était à droite et le frein avant à gauche...Il fallait sérieusement réfléchir avant de se lancer ! Le démarreur électrique est venu en complément du quick et un frein à disque à l'avant lui donne un freinage suffisant.

Les instruments sur le capot du phare sont simples : un compteur de vitesse à aiguille et un compteur totalisateur. Il faut surveiller la jauge « à l'ancienne » en auscultant son réservoir. Suivant le modèle la selle est en banquette pour deux passagers ou sur deux selles individuelle sur ressort. La suspension est souple. La vitesse de croisière se situe sur bonne route aux environs de 80/90Km/H. Sur les machines que j'ai piloté la vitesse de pointe se situait à 110Km/H. Au delà l'huile à tendance à bouillir et remonter par le reniflard pour s'étaler sur l'échappement.

Prix des motosLe bi-cylindres n'est pas d'une grande souplesse, il faut rouler sur le couple qui est assez bas. Mais c'est justement ce qui donne son charme à ces machines et leur confère des qualités de motricité époustouflantes. Elles sont aussi à l'aise pour se faufiler en ville, qu'en franchissement de gué, ou dans le sable ou sur piste ! J'ai grimpé le col du Taglangla (5300M) sur une Bullet 350 qui certes s'essoufflait un peu en troisième, mais a gaillardement avalé la longue piste en tôle ondulée !

DelhiA Delhi un quartier complet est composé de magasins de vente de pièces de moto, ou de motos neuves ou d'occasion (ci-contre). Autant dire que en cas de panne les réparations sont faciles, tous les indiens savent bricoler une Enfield.

 

 

Bullet 350 4
Bullet 350
bullet 350 custom 2
Bullet 350 custom
bullet 350
Bullet 350
bullet 500 1
Bullet 500
bullet 500 rajastan
Bullet 500 rajastan
Bullet dans un gué
Bullet dans un gué
crevaison sur une bullet 500
crevaison sur une bullet 500
Enfield Diesel

Enfield Diesel
épave de bullet2
épave de Bullet
épaves de bullet
épaves de Bullet
Magasin Enfield

magasin Enfield
Publicité pour la bullet
Publicité pour la Bullet
reservoir bullet
réservoir Bullet
Royal enfield1
Royal Enfield
sous le carter
sous le carter
version customisée
version customisée

vendredi 11 octobre 2013

BENARES

 

« Il est tout aussi futile d'essayer de dessiner une carte de l'univers que de tenter de décrire Varanasi avec des mots » Sri Ramakrishna.

Et pourtant je ne résiste point au plaisir d'illustrer par mes photographies les textes de grands auteurs dont je reprends de larges extraits ci après.

« Le Gange ! Est il un fleuve dont le nom évoque de plus poétiques légendes, et ne semble-t-il pas que toute l'Inde se résume en lui? »

Le Gange, Jules Verne, Magellan et Cie, Paris,

le gange


« Le monde auquel menaient ces escaliers irréels c'est, dans mon souvenir, un monde de murailles couvertes de lichens comme celles de ruines abandonnées sous la grande forêt, au pied desquelles brûlaient sans fin de petites lumières, avec des passages d'animaux sacrés à travers le brouillard.

le monde auquel menaient ces escaliers irréels2
le monde auquel menaient ces escaliers irreels3 le monde auquel menaient ces escaliers irreles

En bas , le Gange sous les nuages de la mousson ; un ascète qui dansait et se tordait de rire, en criant « bravo! » à l'illusion du monde. »

Antimémoires, André Malraux, Gallimard, Paris 1967.

un ascete se tordait... Un ascete ..2


la brume matinale


« La brume matinale s'est maintenant dissipée et la foule frémissante des croyants apparaît sur les marches du Dasashvamedha Ghat. »

La brume matinale s'est maintenant dissipée
la foule frémissante des croyants

Le roman du Gange. Bernard Pierre

La foule frémissante 2

« Plus haut que les maisons, plus haut que les palais montent dans le ciel du couchant les pyramides brahmaniques des innombrables temples;comme au pays radjpoute,elles ressemblent à de grands ifs de pierre; mais ici elles sont rouges, d'un rouge sombre mêlé de dorures mourantes. Bénarès est , dans toute son étendu plantée de pyramides rouges à pointes d'or. Et d'un bout à l'autre de cette ville, qui s'éploie sur la rive en croissant superbe,suivant la courbe de son fleuve,des escaliers en granit, formant comme un énorme piédestal, descendent de là-haut,de la région où les hommes ont leur demeure, vers la zone profonde et les eaux vénérées. /.../

Ghat de Bénarés au couchant Les ghats au couchant2
Montreur de serpent Ghat de Bénares


L'éternel soleil vient de surgir,il rencontre là devant lui,arrêtant son premier rayon rose, les granits de Bénarès, les pyramides rouges, les pointes d'or, toute la ville sainte dressée en amphithéâtre.

et ici c'est l'heure..1 et ici c'est l'heure..2

Et ici, c'est l'heure par excellence; c'est, depuis le commencement des âges brahmaniques, l'heure consacrée, l'heure de la grande vie religieuse et de la grande prière. Bénarès soudainement déverse sur son fleuve tout son peuple, toutes ses fleurs, toutes ses guirlandes, tous ses oiseaux, toutes ses bêtes. Par les escaliers de granit, à cette apparition du soleil, c'est un joyeux écoulement de tout ce qui vient de s'éveiller, de tout ce qui à reçu de Brahma une âme, humaine ou obscure. Les hommes descendent, l'air heureux et grave, drapés dans des cachemires roses, ou jaunes, ou couleur d'aurore. Les femmes en blanches théories, descendent voilées à l'antique sous des mousselines. Elles apportent des aiguières, des buires, qui mettent partout l'éclat rouge ou jaune des cuivres fourbis, à côté de l'étincèlement de leurs mille bracelets, colliers, ou anneaux d'argent autour des chevilles.

Bénares déverse sur son fleuve.. Bénares déverse sur son fleuve2
Bénares déverse sur son fleuve3 Bénares déverse sur son fleuve4

 

Et chacun veut offrir au fleuve des guirlandes, comme s'il n'en suffisait pas de toutes celles des jours précédents; il y a des torsades, en fleur de jasmin enfilées, qui ressemblent à des boas blancs; d'autres en fleur d'oeillets d'Inde, où des rangs jaune d'or et des rangs jaune soufre se mêlent.
Et chacun veut offrir au fleuve
Et chacun veut offrir au fleuve..2
Et chacun veut offrir..3

Il descend aussi des yoghis et de lents fakirs. Il descend d'inoffensives vaches sacrées auxquelles chacun cédant le pas avec respect, se fait honneur d'offrir une gerbe fraiche de roseaux ou de fleurs, et qui regardent se lever le soleil, commencer la fête du jour, et qui dans leur bestialité douce, ont l'air de comprendre et de prier à leur manière. Il descend des chiens empressés, il descend des singes.

Il descens aussi des yogis.. Il descend d'inoffensives vaches sacrées..

Sur les radeaux innombrables et sur les marches d'en bas, le peuple de Brahma, déposant ses aiguières et ses guirlandes commence à se dévêtir.

Sur des radeaux inombrables2 Sur les radeaux innombrables

Il s'y mele on ne sait quoi Du reste, dans cette Bénarès, il s'y mêle on ne sait quoi de recueilli et de mystérieux;

Il y a bien comme ailleurs, l'amusant dédale des petites rues indiennes, les maisons à fenêtres festonnées, à colonnette, à peinturlures. Surtout il y a ces femmes, qui passent belles comme des Tanagra, sous des voiles légers. Mais il y a aussi les fakirs en extase, que l'on rencontre accroupis aux carrefours, et qui soudainement vous rappellent la prière et la mort. ; il y a partout des pierres saintes, des symboles informes dont personne ne sait plus l'âge ni le sens, et qu'il ne faut pas toucher , certaines castes ayant seules le droit d'y porter la main, d'y déposer des guirlandes de fleurs. Des divinités emprisonnées derrière des grilles , habitent des trous sombres creusés dans l'épaisseur des murs; des temples où l'on n'entre pas dressent de tous cotés leur pyramide de pierre.

Le dédale se complique


Le dédale se complique
. Des ruines,des immondices; des dieux partout dans des espèces de guérite; des guirlandes de fleurs jaunes qui pourrissent par terre; sur des socles, des agates arrondies comme des oeufs ou taillées en Lingam, pierre que l'on n'ose pas frôler tant elles sont saintes. Dans les échoppes on vend des petites idoles de bronze ou de marbre particulièrement vénérables rien que parce qu'elles viennent d'ici.

Presque toutes les rues viennent aboutir au Gange, et là, elles s'élargissent, elles s'éclairent.

Le dédale se complique2

On vient pour mourir sur ces bords sacrésCe fleuve , c'est toute la raison d'être, toute la vie de Bénarès. Du fond des palais ou des jungles, de partout on vient pour mourir sur ces bords sacrés. »

Pierre Loti. L'inde (sans les Anglais) Calmann-Levy, Paris, 1903.