Une légende indique que cette ville serait née suite à la rencontre du fils du Dieu de la lune , Chandra, et d'une jeune fille qu'il aurait vu se baignant dans une rivière. Après une folle nuit d'amour le petit dieu est remonté vers son ciel, abandonnant la simple mortelle. La construction des temples initiée par le fils né de cette union, aurait une fonction de réparation ou de souvenir...
Les temples ont été bâtis par la dynastie des Chandela entre 950 et 1050. La proximité de leur nom avec « Chandra » n'est pas fortuite. Ils étaient soumis à une principauté du nord du pays dont ils réussirent à s'affranchir.
Il était dans les fonction des féodaux hindous de construire des temples garantissant la protection des dieux et la fertilité des hommes et des sols. On dénombre 85 temples mais seuls 25 sont encore debout. Cette dynastie émigra vers Mahoba et la région s'enfonça dans l'oubli, la végétation recouvrit et détruisit une partie du site. Les invasions musulmanes ignorèrent ces temples cachés dans cette petite jungle. Et c'est probablement ce qui les sauva de la destruction. Jusqu'à ce que en 1838 un officier britannique avisé de la présence de constructions se fasse guider sur les ruines. Les britanniques conscient de la richesse archéologique du site firent entreprendre des travaux de déblaiement.
Le site de Kajurao est imposant par le nombre d'édifices et par leur richesse architecturale complexe. Le nom de la ville est en lui même une petite énigme car il est tiré d'une racine qui peut signifier « dattes » ou « scorpion ». En effet, on trouve dans les motifs sculptés sur les temples des femmes se débarrassant d'un scorpion. Le scorpion es lié à l'eau. Il symbolise la tourbière où ce qui meurt revit c'est à dire la transition entre la fin d'un cycle et le début d'un autre.
Les motifs de l'inspiration d'une statuaire dans laquelle sont omniprésents le corps féminin ainsi que les postures érotiques confirment les thèses de la recherche de la fertilité et du bonheur, ainsi que le substrat de croyances lié aux auspices favorables et aux rites porte-bonheur. Les sculpteurs avec un talent exceptionnel ont représenté de façon sensuelle les nymphes célestes, les nymphes dansantes et les nymphes mortelles.
Dans le premier sanctuaire je découvre un immense sanglier en grès (ci-contre). C'est un avatar de Vichnou, ce dieu qui aide les humains qui sont en difficulté. En ce temps là un démon avait pris la tête de l'univers et c'était le chaos. La terre s'était réfugiée sous les eaux. Vichnou transformé en sanglier plongea dans le bourbier, ramena la terre à la surface grâce à ses défenses et rétabli l'harmonie. Les avatars de Vichnou sont au nombre de 10 et vont du poisson à la tortue -bref à des animaux aimant l'eau- vers l'humain.
Et l'humain célébré dans toutes ses beautés sur les murs du temple de Lakshmana (ci-dessous). Non sans que l'on soit d'abord passé devant une statue de Ganesh sans lequel on ne peut rien entreprendre. Curieusement les scènes érotiques gravés sur cet édifice se trouvent à la jointure architecturale entre les salles recevant les dévots et celle abritant la divinité. C'est la un symbolisme intéressant qui peut se lire à plusieurs niveaux.
Lakshmana temple – couple repoussant un singe | Lakshmana temple – scène grivoise | Lakshmana temple – Vishnu |
Lakshmana temple – Nymphe au miroir | |
Plus loin le temple Kandariya-Mahadev (ci-dessous) incarne la perfection de l'art architectural. Il comporte quatre shikhara, qui représentent les sommets de l'Himalaya où vivent les dieux. Symboliquement la divinité n'est accessible qu'à la quatrième marche. Peut etre les quatre ages de la vie? Il est également couvert de sculptures mais je note que des sculptures vues sur d'autres temples se retrouvent également ici.
Kandariya mahadev temple | le poirier | |
Plus loin au nord du site,Le Chitragupta (ci-dessous) est intéressant en ce qu'il concerne une divinité solaire « Surya ». Il faut discerner dans la pénombre du sanctuaire intérieur, au pied de la statue, une sculpture de petite taille représentant Surya guidant un char tiré par sept chevaux. Cette représentation d'un dieu solaire est extrêmement rare en Inde.
Chitragupta temple – Surya | |
Enfin vers la sortie sud, face au sanctuaire de Vishvanath se trouve le taureau Nandi véhicule de Shiva, symbolique du pouvoir, de la puissance, de la justice et de l'ordre moral.
Vishvanath temple - intérieur | Vishvanath temple | Nandi |
Je continuerai à parcourir la ville en découvrant d'autres temples de moindre importance architecturale mais non moins porteur de sens. Ainsi les temples « jain » (ci-contre) ne différent pas extérieurement des temples hindous, mais la divinité intérieure est une statue noire d'Adinath (à ne pas confondre avec un bouddha!)
A Chaturbhuja le temple renferme une statue curieuse (à gauche) dont le guide me dit sur ton de la confidence que son corps est composé en haut du corps de Shiva, au centre de celui de Vichnou et jusqu'aux pieds de celui de Krishna d'ailleurs un avatar de Shiva. L'idée est elle de dire que tout est en tout?
J'observerai à quelques pas de là un petit temple du 11eme siècle (Bijamandala) excavé d'un tumulus et dédié à Shiva (à droite). Son gardien qui s'ennuie me proposera des herbes curieuses que je refuserai net...
Vamana temple | Vamana temple |
Vieille ville | cordonnier |
Jagadamba temple | Parsvanath temple | Javari temple |