« Il est tout aussi futile d'essayer de dessiner une carte de l'univers que de tenter de décrire Varanasi avec des mots » Sri Ramakrishna.
Et pourtant je ne résiste point au plaisir d'illustrer par mes photographies les textes de grands auteurs dont je reprends de larges extraits ci après.
« Le Gange ! Est il un fleuve dont le nom évoque de plus poétiques légendes, et ne semble-t-il pas que toute l'Inde se résume en lui? »
Le Gange, Jules Verne, Magellan et Cie, Paris,
En bas , le Gange sous les nuages de la mousson ; un ascète qui dansait et se tordait de rire, en criant « bravo! » à l'illusion du monde. »
Antimémoires, André Malraux, Gallimard, Paris 1967.
Le roman du Gange. Bernard Pierre
« La brume matinale s'est maintenant dissipée et la foule frémissante des croyants apparaît sur les marches du Dasashvamedha Ghat. »
« Plus haut que les maisons, plus haut que les palais montent dans le ciel du couchant les pyramides brahmaniques des innombrables temples;comme au pays radjpoute,elles ressemblent à de grands ifs de pierre; mais ici elles sont rouges, d'un rouge sombre mêlé de dorures mourantes. Bénarès est , dans toute son étendu plantée de pyramides rouges à pointes d'or. Et d'un bout à l'autre de cette ville, qui s'éploie sur la rive en croissant superbe,suivant la courbe de son fleuve,des escaliers en granit, formant comme un énorme piédestal, descendent de là-haut,de la région où les hommes ont leur demeure, vers la zone profonde et les eaux vénérées. /.../
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L'éternel soleil vient de surgir,il rencontre là devant lui,arrêtant son premier rayon rose, les granits de Bénarès, les pyramides rouges, les pointes d'or, toute la ville sainte dressée en amphithéâtre.
Et ici, c'est l'heure par excellence; c'est, depuis le commencement des âges brahmaniques, l'heure consacrée, l'heure de la grande vie religieuse et de la grande prière. Bénarès soudainement déverse sur son fleuve tout son peuple, toutes ses fleurs, toutes ses guirlandes, tous ses oiseaux, toutes ses bêtes. Par les escaliers de granit, à cette apparition du soleil, c'est un joyeux écoulement de tout ce qui vient de s'éveiller, de tout ce qui à reçu de Brahma une âme, humaine ou obscure. Les hommes descendent, l'air heureux et grave, drapés dans des cachemires roses, ou jaunes, ou couleur d'aurore. Les femmes en blanches théories, descendent voilées à l'antique sous des mousselines. Elles apportent des aiguières, des buires, qui mettent partout l'éclat rouge ou jaune des cuivres fourbis, à côté de l'étincèlement de leurs mille bracelets, colliers, ou anneaux d'argent autour des chevilles.
Sur les radeaux innombrables et sur les marches d'en bas, le peuple de Brahma, déposant ses aiguières et ses guirlandes commence à se dévêtir.
Du reste, dans cette Bénarès, il s'y mêle on ne sait quoi de recueilli et de mystérieux;
Il y a bien comme ailleurs, l'amusant dédale des petites rues indiennes, les maisons à fenêtres festonnées, à colonnette, à peinturlures. Surtout il y a ces femmes, qui passent belles comme des Tanagra, sous des voiles légers. Mais il y a aussi les fakirs en extase, que l'on rencontre accroupis aux carrefours, et qui soudainement vous rappellent la prière et la mort. ; il y a partout des pierres saintes, des symboles informes dont personne ne sait plus l'âge ni le sens, et qu'il ne faut pas toucher , certaines castes ayant seules le droit d'y porter la main, d'y déposer des guirlandes de fleurs. Des divinités emprisonnées derrière des grilles , habitent des trous sombres creusés dans l'épaisseur des murs; des temples où l'on n'entre pas dressent de tous cotés leur pyramide de pierre.
Presque toutes les rues viennent aboutir au Gange, et là, elles s'élargissent, elles s'éclairent. |
Ce fleuve , c'est toute la raison d'être, toute la vie de Bénarès. Du fond des palais ou des jungles, de partout on vient pour mourir sur ces bords sacrés. »
Pierre Loti. L'inde (sans les Anglais) Calmann-Levy, Paris, 1903.
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